Chronique : « Sur ma peau » (Gillian Flynn)

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Si le nom de Gillian Flynn vous est encore inconnu, il y a peu de chance que vous soyez passés à côté du phénomène Gone girl au cinéma, adaptation du roman à succès du même nom (et dont la chronique est disponible ici)

L’intrigue de « Sur ma peau » (« Sharp objects » en VO), premier roman de cet écrivain, se focalise sur Camille Preak, une reporter installée à Chicago qui retourne à contre coeur dans la petite bourgade de Wind Gap dans le Missouri, dont elle est originaire, pour enquêter sur un fait divers glauque. Une petite fille a été assassinée, et l’auteur de cet acte odieux lui a ôté toutes ses dents. L’hypothèse d’un tueur en série, flairée par le rédacteur en chef, se confirme puisqu’une deuxième petite fille subit bientôt le même sort…

Camille va se heurter dans son enquête à de nombreux obstacles : une partie de la population se montre ouvertement hostile envers elle et l’idée qu’ils se font de sa profession. Le chef de la police voit également son arrivée d’un mauvais oeil. De l’avis des habitants, le tueur ne peut être que quelqu’un d’extérieur, probablement un vagabond, et pourtant nombre d’entre eux apparaitront suspects…

Mais Camille devra surtout faire face à ses démons personnels : revenir à Wind Gap signifiant revoir sa mère qui n’a jamais su l’aimer, repenser à sa petite soeur décédée, et faire face à toutes les personnes qu’elle a côtoyées dans sa jeunesse et qu’elle pensait avoir laissées derrière elle pour de bon.

Au cours de son investigation, Camille sera mise à rude épreuve et en apprendra autant sur elle-même que sur les tragédies qui s’abattent sur la communauté vers laquelle elle revient.

La ville de Wind Gap pourrait facilement être jumelée avec la ville fictive de Twin Peaks, car on y retrouve cette même sensation de malaise. Les petits secrets et le repli sur soi rongent les habitants dont la noirceur d’âme semble contagieuse. Pour parodier Shakespeare, il y a quelque chose de pourri à Wind Gap…

Peut-on réellement échapper à son passé? Peut-on aller de l’avant sans prendre le soin de refermer ses plaies? (au sens propre comme au sens figuré) Doit-on ressasser le passé ou faut-il tourner la page? Autant de questions auxquelles Camille sera confrontée lors de son douloureux retour aux sources.

On pourra reprocher à l’auteur d’éventer assez vite le mystère. Le lecteur habitué aux romans à suspense devinera en effet assez vite de quoi il en retourne, du moins dans les grandes lignes, mais cela n’enlève rien au plaisir de la lecture de ce livre dont les pages se tournent toutes seules.

Flynn fait preuve d’une telle dextérité pour décrire ses personnages et l’univers malsain dans lequel ils baignent qu’on ne peut que s’attacher à Camille et à son combat d’abord hésitant, puis actif, pour mettre à jour la vérité.

En conclusion, ne vous privez pas de découvrir les débuts de Gillian Flynn dans cette oeuvre qui porte en germe tout ce qui fera son succès par la suite.

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